Modèle de cérémonie proposée par Unsri Gschicht

Rappels utiles

– la loi n°2012-273 du 28 février 2012 fixant au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France ne concerne pas les Feldgrauen alsaciens-mosellans puisqu’ils sont morts pour leur patrie d’alors, l’Allemagne ;

– la lecture, par le maire, du discours proposé par le ministère des Armées n’est qu’une invitation sans caractère contraignant et ne résulte que d’une tradition républicaine (réponse ministérielle n°48492 du 12 mai 2009) ;

– le port du Bleuet de France par le maire, particulièrement inapproprié en Alsace pour commémorer les Feldgrauen alsaciens, n’a aucun caractère obligatoire (circulaire du 6 octobre 2023 du secrétariat d’Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire) ;

– enfin, le maire seul est responsable du déroulement des cérémonies publiques dans sa commune (article L2212-2 du code général des Collectivités territoriales).

Les 4 points d’une cérémonie modèle en Alsace

1. Un discours respectueux de la vérité historique

Ce discours rappelle la réalité historique de l’Alsace et de la Moselle en 1914-1918. Il souligne l’attachement de la quasi-totalité des Feldgrauen à leur patrie d’alors, l’Allemagne et la nécessité, par respect pour leur mémoire, de le reconnaître. Enfin, le discours s’inscrit dans une perspective de paix en Europe et l’attachement de la commune aux valeurs républicaines et européennes.

Aux maires d’Alsace, Unsri Gschìcht propose un discours qui respecte la réalité historique. Dans le même esprit, le témoignage – généralement lu par des enfants de la commune – ne sera pas celui d’un poilus mais une parole d’un Feldgrauer alsacien.

2. La mention des prénoms en allemand 

L’Etat français n’a autorisé l’inscription des Feldgrauen alsaciens qu’à la condition que leurs prénoms soient mentionnés dans la langue de l’ennemi d’alors ; en français, donc…

Or, les JosephPierreCharles et autres François inscrits sur les monuments d’Alsace n’ont jamais porté ces prénoms : nés et morts JosefPeter, Karl ou Franz, la francisation de leurs prénoms constitue une atteinte à leur dignité.

Sauf quelques rares exceptions – comme à Geispolsheim (Bas-Rhin) où les prénoms figurent en allemand – il appartient à chaque maire d’Alsace de réparer cette manipulation mémorielle pouvant laisser croire que les Feldgrauen étaient français en énonçant prénom et nom de chaque inscrit, victime de la Première Guerre mondiale, en allemand. Cette énumération peut être appuyée par la pose d’une bougie pour chaque nom au pied du monument.

3. Chants et hymnes 

D’un point de vue intellectuel, il est inconcevable – et inconvenant – d’honorer la mémoire des 35 000 Feldgrauen alsaciens, alors citoyens du Reichsland Elsass-Lothringen, en leur chantant… La Madelon !

A l’instar de la commémoration franco-allemande de Verdun en 2016, en présence des chefs d’Etat respectifs – Angela Merkel et François Hollande – Unsri Gschìcht propose que soit chanté Ich hatt’ einen Kameraden (voir la vidéo ci-dessous). Le texte de ce chant peut être distribué à l’assistance pour lui permettre de participer.

Enfin, l’Ode à la joie / Ode an die Freude, hymne européen, célèbre la paix.

4. Drapeaux 

En plus du drapeau tricolore français, il est juste et légitime de faire figurer le drapeau historique de l’Alsace et de la Moselle – Rot un Wiss en Alsace, augmenté d’une petite croix de Lorraine jaune dans l’angle haut, à gauche en Moselle.

Le Rot un Wiss – dont l’origine se perd dans la nuit des temps et dont les Alsaciens et les Mosellans ont naturellement reconnu les couleurs comme étant celles de leur Heimet – est le drapeau adopté à l’unanimité par le Landtag Elsass-Lothringen le 25 juin 1912. De fait, le Rot un Wiss est le drapeau des Feldgrauen alsaciens-mosellans durant toute la Première Guerre mondiale et, d’une manière générale et non partisane, celui du peuple alsacien et du peuple mosellan.

Les 4 erreurs historiques à éviter en Alsace

1. La mise en perspective avec la Deuxième Guerre mondiale

En Alsace et en Moselle, le contexte de la Première Guerre mondiale est radicalement différent de celui de la Deuxième. De culture et de langue germaniques, les Feldgrauen alsaciens-mosellans de la Première Guerre mondiale, sauf une petite minorité, se sentent allemands et sont enrôlés en toute légalité dans l’armée de leur pays, l’Allemagne. Il n’y a donc pas lieu de créer un parallèle avec la situation des Malgré-nous – alsaciens et mosellans de nationalité française – incorporés de force  à partir de 1942 par le régime nazi, en violation des traités internationaux.

2. La Libération de 1918

Cette expression, pour dénoncer un prétendu joug boche, est une invention de la propagande française. Elle ne correspond en rien à la réalité sociale, culturelle et économique vécue par les Alsaciens-Mosellans durant le Reichsland. Le délire tricolore de 1918 – orchestré par les autorités françaises et organisé avant le retour des Feldgrauen démobilisés – célèbre avant tout la fin de 4 années de conflit.

3. Les chants patriotiques français

Hormis La Marseillaise, en tant qu’hymne national de la République française – quoique le sang impur dont il abreuve nos sillons désigne, ici, aussi celui des Feldgrauen alsaciens-mosellans… – tout autre chant patriotique français – comme La Madelon, par exemple – constitue une offense à la mémoire de nos aïeux que cette cérémonie est censée honorer.

4. La lecture de lettres de poilus

Il en va de même de la lecture de lettres ou d’extraits de lettres de poilus devant les monuments qui portent les noms des Feldgrauen. La décence et le respect de la vérité historique, voire le simple bon sens imposent que leur soient préférées des paroles de Feldgrauen alsaciens.